Dans le monde du sport, l’expression "être à son prime" signifie qu’un sportif performe à son meilleur niveau. Transposée au monde de la musique, cette phrase s’adapte parfaitement bien au run implacable de MF DOOM dans les années 2003-04.

Incarnant trois mois plus tôt King Geedorah sur l'album Take Me To Your Leader, le rappeur au masque de fer va développer un nouvel alter ego dans son nouvel opus Vaudeville Vilain, du nom de Viktor Vaughn. Un personnage inspiré du scientifique mégalomane Victor Von Doom des comics Marvel. On suit les aventures de l’espiègle Viktor Vaughn sur un enchevêtrement de morceaux n’excédant pas plus de quatre minutes d’écoute et sans aucun refrain. Vaudeville Villain séduit par son architecture sonore électronique des plus audacieuses. Humour et storytelling fantaisiste aux schémas de rimes atypiques, MF DOOM nous régale lyriquement dans cet environnement sonore lugubre, faisant ressortir au mieux sa voix nonchalante. En bref, Vaudeville Villain est un album cinématographique que seuls les plus curieux comprendront l’intrigue.

Les années 2003-04 furent les meilleures de la carrière de MF DOOM. Même si sa musique reste inaccessible pour le plus grand nombre, on ne cessera jamais de répéter que la musique ne se cantonne pas qu’à une seule écoute. Et Vaudeville Villain n’échappe pas à la règle. Le résultat d’une narration certes compliquée à décortiquer, couplée avec la rugosité et la technicité inimitables de l’homme au masque de fer.